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LES PEINTURES MURALES DE L'ÉGLISE DE SAINTE-CÉCILE
LES PEINTURES MURALES
DE L'ÉGLISE DE SAINTE-CÉCILE
Paul Cordonnier-Détrie Editeur Imprimerie-LibrairieCh. Monnoyer - Le Mans 1930 Document aimablement prêté par Mame Véronique Lebas pages 140 à 155. "Sur le promontoire escarpé dominant de quelque 63 mètres les prairies du (1), et à l'extrême pointe de l'angle aigu formé par le Loir et le Dinan (2), s'élève la jolie chapelle romane de Sainte Cécile. Elle fut l'église paroissiale d'un petit bourg du même nom (3), qui, réuni par décret du 1er septembre 1807 à la .commune de Flée (4), forme, aujourd'hui, la partie méridionale de cette dernière, en bordure du Loir.
Mais l'histoire de cette paroisse comme celle de beaucoup d'autres agglomérations rurales est en dehors de quelques faits isolés bien marqués, inconnue.
Néanmoins, ces lieux, au confluent de deux rivières importantes, durent être habités de longue date. Au début du XVIIIe siècle se révélaient d'antiques ruines, au pied de la colline au Port-Gautier, que signalèrent successivement Jaillot, l'abbé Voisin et le chanoine Ledru (5).
C’est aussi dans cette paroisse que mourut en 1296 l'Evêque P. le Royer, lors de la visite de son diocèse, tandis qu'y devait naître dans la première moitié du XVIe siècle Michel Foulques ou Fouquet, ecclésiastique devenu célèbre par une viede Jésus-Christ écrite en vers et par différents autres ouvrages. Enfin, les villages de Marçon et de Sainte-Cécile furent pillés par un détachement de l'année royale en 1593.
(1) Carte d'E.-M. 50.000'. Feuille Le Mans S. O. — La chapelle est située à 115 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le Loir n'est à cet endroit qu'à 32 mètres.
(2)Le Loir coule de l’E-N.-E. à l'O.-S.-O. et la rivière du Dinan venant de la forêt de Bercé du N.-N.-O.,au S.-S.-E.
(3) Paroisse et commune du doyenné et canton de Ch5teau-du-Loir. — 123 feux sur les rôles de I'Election et 107 feux et 458 individus lors de sa réunion à Flée en 1807 (Pesche, V, 697-699). Il n'y eut pas de bourg à proprement parler : les maisons étaient dispersées.
(4), Flée, commune du canton de Chateau-du-Loir, à 3 kilomètres 1/2 au -N.-O. de Sainte-Cécile.
(5)Carte de Jaillot de 1706: L'Evesché du Mans, Feuille Sud-est.
Abbé VOISIN, notice star les châteaux Gâne, dans Arch. hist. de la Sarthe, 1853l 69-70.
Abbé LEDRU, Répertoire dei Monuments et objets anciens, p. 87, 88.
Ce dernier date ces vestiges du XIVe siècle seulement, mais ils s'élevèrent sur une motte artificielle beaucoup plus ancienne.
L'église à clocher en flèche à nef romane unique, était primitivement entourée de son cimetière. Les ouvertures en meurtrières du mur nord, bouchées depuis, datent approximativement de la fin du XIe ou du début du XIIe siècle. Elle était sous le vocable de Sainte-Cécile. Sa cure, évaluée par Le Paige à 400 livres de revenu (1), était, non pas à la présentation du seigneur de Château-du-Loir, mais à celle du Prieur de Saint Guingalois de la même ville (2). La seigneurie de paroisse était annexée au fief d'Ourne et relevait de la baronnie et de la sénéchaussée de Château du-Loir.
Le fief d'Ourne, ou d'Orne, qui se trouve sur la rive droite du Dinan à 1 kilomètre au Nord-ouest du clocher fut possédé avec le fief de l'Isle par la famille de Vendosmois. Hubert de Vendosmois en 1342, Jean Vendoumays, chevalier, en 1393, rendent aveu au baron de Château-du-Loir pour ces hébergements. Ces Vendosmois, qu'il ne faut pas confondre avec la famille plus célèbre de Vendôme (Loir-et-Cher), avaient pour armes : d'or, à 2 fasces de gueules, coupé d'hermine (3). Jeanne fut Abbesse de Bonlieu en 1404; Marguerite de Vendosmois au XVe siècle (4); la tragique Renée de Vendosmois, veuve de Perceval de Halley épousa Jean de Saint-Berthevin en 1478; Christophe, seigneur de Belle, Cranne et Champmarin fut chanoine de Saint-Pierre du Mans et mourut en 1516; enfin René, chevalier de l'Ordre du Roi, assista aux Etats du Maine en 1576.
En 1613 noble Liger Bodineau est seigneur d'Ornes.
(1) LE PAIGE, Dictionnaire top. hist. généalog., éd. de 1895, t 1, p. 135.
(3) PESCHE, idem, p. 698. — Voir aussi en fin de notre étude.
(4 ) Communication de M. Eugène Cavaignac.
(5) Voir sa tragique histoire dans : A. Angot et A. Landru, Anecdotes mancelles, 1895, pp. 137 à 185.
En 1667, le château d'Ourne fut habité par Léonard Foullé, écuyer, sieur du Coudray, Conseiller du Roi et garde des sceaux de la Cour des Aydes de Bordeaux. Il était cadet de sa maison. Son frère ainé était maître des requestes ordinaires de l'hostel du Roy. Il portait pour armes : d'argent à 3 bandes d'azur traversées d'une fasce de gueules et six d'hermines, quatre en chef et deux en poincte qu'en réalité il faudrait rédiger ainsi : d'argent d la fasce de gueules chargée de 3 pals d'azur brochants sur le tout et accompagnée de 6 hermines de sable, 4 et 2, posées entre les pals (1).
Ourne appartint avant la Révolution à M. de Trèves et audébut du XIXe siècle à M. Voisin, ancien négociant à Château-du-Loir. Il est aujourd'hui la propriété de la famille Cavaignac.
A tous ces seigneurs d'Ourne appartint la seigneurie de paroisse de Sainte-Cécile.
Or la petite église de Sainte-Cécile serait peut-être restée encore longtemps dans l'ombre des villages sans histoire, si l'un denos collègues de la Société Française d'Archéologie, Mlle Trocmé, membre du Bureau de la Société Archéologique de Vendosmois, qui depuis plusieurs mois aidait M. le curé de Rhodon (Loir-et-Cher) dans le grattage des voûtes et des murs de son église, dont certains relevés lui avaient été demandés par les Archives des Beaux-Arts, n'avait, lors d'un passage fortuit en notre église, remarqué un petit fragment de peinture murale mis à jour, sans doute par hasard, à une époque inconnue.
Ce petit fragment fit naitre chez notre collègue le désir d'en connaître davantage, et, durant tout l'été 1929, Mlle Trocmé s'employa à sonder et à gratter les murs de l'église de Sainte-Cecile.
(1) Sa famille était originaire de Paris. Son bisayeul, Jean Foullé, conseiller au Parlement de Paris était déjà noble en 1563. Il eut pour fils Léonard Foullé, conseiller du Roi et greffier des présentations du Parlement de Paris qui eut pour fils Jacques Foullé sieur du Coudray, avocat général au Grand Conseil et depuis maistre des requestes, père du sieur Léonard Foullé, habitant le château d'Ourne en 1667. — Voir E -L. CHAMBOIS et FARCY, Recherche de la Noblesse dan, la généralité de Tours, p. 315 et 316.
Dès novembre 1929, Mne Trocmé tint à nous faire part de ses découvertes (2).
Les peintures murales de Sainte-Cécile actuellement mises à jour peuvent être classées en trois catégories que nous analyserons en détail :
a. Très bons restes dans la partie supérieure du cintre entre nef et chœur : Main bénissante, personnages, XIIe ou XIIIe siècle (fig. 2).
b. Diverses scènes, litre et blason dans la partie supérieure de la nef : Saint Roch (fig. 3), Evêque, Enfant-Jésus ; litre (fig. 1) et blason de femme (fig. 1 et 4),fin XVe ou début du XVIe siècle.
c. Litre tout autour de la nef avec 2 blasons sur le cintre, XVIIe ou XVIIIe siècle (fig. 2 et 5).
Les premiers sondages et grattages révélèrent, à une hauteur moyenne, un peu partout autour de la nef, une litre du XVIIe ou XVIIIe siècle, peinte en noire, possédant 2 écussons dont seuls quelques fragments de l'un d'eux sont lisibles. Ces deux blasons durent être couronnés; ils se trouvaient placés sur la partie inférieure du cintre qui sépare le chœur de la nef. Le fragment que nous reproduisons (fig. 5) a nécessité beaucoup de peine pour sa mise à jour; il est en effet incomplet et le fut sans doute depuis fort longtemps : toute la partie inférieure de ce blason avait déjà disparu, volontairement ou non, avant même qu'il ne fût recouvert par le badigeon. Il est même permis de se demander si ces armoiries n'ont pas été partiellement « barbouillées » ou esquissées à grands coups de pinceaux avant que le badigeon ne les recouvrît. On y distingue des traces de faune (d'or) et de vermillon (de gueules).
Quant a l'autre blason, il est illisible ; il est formé de traces informes et noirâtres que l'on peut distinguer sur le cintre au-dessous de la femme tenant un animal (fig. 2).
(I) Voir les figures 3, 4, 5 accompagnant ce texte et exécutées d'après les relevés de Mlle Trocmé,
(2) Melle Trocmé s'adressa d'abord à M. G. Rialland, notre collègue de la S. F. A. et de la S. H. A. M., qui très aimablement voulut bien nous transmettre cette lettre, ce dont nous lui sommes reconnaissant.Cette litre et ces armoiries sont bien postérieures aux peintures des catégories a et b dont nous parlerons plus loin : elles ne semblent pas être posées sur le même enduit. Quelques fragments se retrouvent aussi au-dessus de la porte d'entrée de l'Ouest, mais la litre est placée beaucoup plus bas que celle du XVe-XVIe siècle. Le noir est beaucoup plus intense que dans cette dernière, et paraît avoir été mis sans encollage ce qui le faisait apercevoir à travers le badigeon ; le rouge des armoiries est du vermillon tandis que les peintures antérieures n'ont que de l'ocre rouge. Cette litre et ces deux blasons semblent être du XVIIe. ou XVIIIe siècle.
D'une époque antérieure que nous pouvons situer à la fin du XVe ou au tout début du XVIe siècle, sont les peintures murales classées dans la seconde catégorie. Ce sont les plus importantes.
Différentes peintures murales entre lesquelles court une litre se trouvent tout autour de la partie supérieure de la nef. Ces peintures ne furent trouvées que dans la moitié de la nef la plus proche du chœur et dans la chapelle latérale sud. Les sondages opérés ailleurs n'ont rien donné.
Cette litre qui est placée plus haut que la litre du XVIIe ou XVIIIe siècle, s'adapte parfaitement entre les différentes parties des peintures murales ; elle est de la même époque que ces dernières.
Litre et peintures se détachent sur un fond légèrement ocré. Sur le mur nord de la nef se trouvent trois sujets en deux « registres » superposés.
Au registre supérieur, où l'humidité a moins exercé ses ravages, subsiste la seule scène à peu près complète et fort intéressante par ses qualités ( fig. 3). Un ange à genoux se voit très nettement aux pieds d'un personnage debout auquel il semble présenter une banderole qui porte une inscription d'ailleurs effacée.
Le personnage peut s'identifier avec Saint-Roch (1). Une tradition veut, en effet, que ce saint ait reçu la visite d'un ange venant lui remettre le pouvoir de délivrer les malades de la peste et des épidémies. Devenu pèlerin, il en porte tous les attributs ; nous les trouvons représentés : toque ou turban, visage à barbe, grand col, tunique sombre, bâton à la main et sac en bandoulière. Saint Roch est aussi accompagné d'un chien qui primitivement devait exister à la gauche du saint, mais nous n'avons pu le retrouver. L'allure générale du personnage, le visage et le sac sont bien traités; la main gauche tenant le bâton à hauteur de la poitrine dut l'être également, malheureusement elle est très effacée et seul son contour se voit encore nettement. Il est difficile de dire où se trouve exactement la main droite et de comprendre ce que signifient les traces informes situées au-dessus de la banderole tenue par l’ange. Faut-il voir, comme certains le pensent, au lieu de la banderole, la jambe du saint au moment où l'ange la guérit ? Cela est encore possible quoique les proportions d'une jambe ainsi située soient peu correctes. L'ange a dû être très bien traité ; ses mains sont un peu grosses, mais les traits de son visage, et en particulier les yeux, sont remarquablement fins ; les plis de la robe sont bien observés (2). Au dessous de la scène de Saint Roch et de l'ange se voient de vagues traces noires, seuls vestiges de la première litre.
(I) La peste noire, au XIVe siècle couvrit le monde d'un manteau de deuil. Alors, à Montpellier, apparait saint Roch qui distribuant ses biens aux pauvres et quittant famille et patrie se fait pèlerin peur le Christ. Il court vers les villes dévastées d'Italie : il s'établit parmi les morts et les mourants ensevelissant ceux-là, guérissant les autres. Saisi lui-même par le mal, il se cache ; un chien alors lui apporte sa nourriture. Il guérit et rentre à Montpellier. Il y est arrêté comme espion et jeté en prison où il meurt. Des prodiges éclatent montrant le pouvoir dont il restera doué pour délivrer de la peste et des épidémies ceux qui recourront à lui. Son culte devint très populaire. Plusieurs fondations en son nom sont conservées dans les archives paroissiales.
(2) Le Saint Roch mesure environ 1m 23 de haut et l'ange de la tète aux genoux environ 0m75. Les teintes sont ocre rouge et ocre jaune, et les lignes principales sont marquées d'un trait noir : quelques tons violacés ou verdâtres apparaissent mais sont dus plus que probablement à l'humidité ou au badigeon qui les recouvrait.
Au registre inférieur du mur nord se distinguent quelques fragments de peinture épars :
Vers le bas de la nef se devine un évêque qui semble assis ; la tête a disparu mais sa mitre est visible ; la tête est entourée sur le fond de petites rosaces à cinq pétales. Ce personnage est vêtu d'une robe rouge et d'une chape de même couleur, mais bordée et doublée de jaune (1). Il tient un livre ouvert dans sa main droite ; la main gauche est visible et devait tenir une crosse, près de laquelle sont des vestiges informes et illisibles. Contre ceux-ci se trouve un encadrement rouge qui sépare cc personnage de la scène suivante.
Celle-ci est bien imprécise et beaucoup de ses détails ont complètement disparu. Les pieds et une partie du corps d'un enfant assez curieusement assis se distinguent encore ; il est peut-être permis d'identifier cet enfant avec l'Enfant-Jésus.
Sur le mur à ouverture cintrée qui sépare la nef du chœur se trouvent encore différentes peintures de la même époque, fin XVe on début du XVIe siècle (fig. 1).
Au-dessus du cintre, derrière le Christ, derrière la Vierge et derrière saint Jean se voient trois grandes bandes verticales posées comme quelque draperie décorative. Chacune de ces bandes est formée d'une partie jaune et d'une autre rouge, mais sans symétrie car les tons des trois draperies sont tous placés dans le même sens. Le haut est arrêté sous forme d'accolade et le bas disparait derrière la poutre horizontale.
A droite du cintre, du côté de l'Epître, la litre se distingue très nettement. Sur cette litre est posé un écusson en losange, très bien conservé dont nous donnons le dessin (fig. 4). C'est le blason d'une demoiselle ou d'une veuve de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle que, malgré bien des recherches, ni Mademoiselle Trocmé, ni nous-mêmes n'avons pu identifier. Ce blason pourrait se lire ainsi: Ecartelé, aux ler et 4e de..., aux 2e et 3e d'or, à la fasce... (d'argent ?) accompagnée de 3 fleurs de lys de sable, 2 en chef, une en pointe (1). Malheureusement, si les quartiers 2 et 3 sont nettement conservés, les quartiers 1 et 4 semblent complètement effacés. Nous reparlerons de ce blason à la fin de notre étude pour chercher à identifier les familles qui le possédèrent.
(1) C’est une partir du manteau de cet évêque, mise à jour autrefois, qui fit découvrir l'existence des peintures de Sainte Cécile.
Fig.4 — Blason de femme. (Fin XVe ou début XVIe s.).
(1) Ce blason mesure 0m39 de haut sur 0m33 de large. — Les teintes sont ocre jaune, et noir pour les fleurs de lys. Les fasces et les quartiers 1 et 4 n'ont ni couleur, ni traits caractéristiques. Sur la partie du mur au cintre qui regarde le chœur se voit un autre blason malheureusement très effacé et illisible. Seule la forme classique en écu de ce blason est visible.
Au-dessous de notre écusson en losange à fleurs de lys, se trouve une vieille statue de saint Gilles qui a gêné le grattage. Néanmoins un grand fond rouge, et, plus bas, des têtes de personnages peuvent s'y distinguer. Malheureusement, l'humidité et surtout le mortier rapporté après coup suppriment tout espoir de nouvelle découverte.
Il en est de même pour le mur sud de la nef où les effets (de l'humidité se sont très particulièrement fait sentir.
L'allure générale des personnages, leurs proportions, le dessin des figures, l'emploi des deux seuls tons d'ocre jaune et d'ocre rouge, les lignes principales' marquées ou cernées d'un large trait noir, caractérisent bien cette époque. Les colorations violacées ou verdâtres, qui apparaissent aujourd'hui sont dues, nous l'avons dit, à l'humidité ou au badigeon.
Enfin les formes, losange et écu, des deux blasons, ainsi que les petites rosaces à cinq pétales disséminées sur le fond autour de l'évêque sont également bien caractéristiques de cette époque.
Cette seconde catégorie de peintures murales de Sainte-Cécile peut donc être datée de la fin du XVe ou tout début du XVIe siècle, et par conséquent attirer déjà l'intérêt des archéologues.
Mais cet intérêt devient encore plus grand lorsque l'on étudie les peintures du cintre, les plus anciennes de l'église de Sainte Cécile, que nous avons classées dans la première catégorie et datées, avec Mademoiselle Trocmé, du XIIIe sinon même d'une époque antérieure.
Au sommet du cintre (fig. 2) se trouve, au centre d'un ovale, la main divine qui bénit, tandis que d'un côté une figure d'homme et de l'autre celle d'une femme lèvent la tète vers ce signe de la Toute-puissance qui, en général, ne se trouve reproduit qu'à propos de faits très importants. Mademoiselle Trocmé voit dans la figure d'homme celle d'un archer; la femme semble soulever un animal, un petit chien ou un agneau ; aucune auréole n'est visible autour des têtes des personnages qui, peut-être, sont celles de donateurs.
La facture de ces peintures est très nettement différente de celle des peintures précédemment étudiées. Elle est très franchement antérieure à celle de ces dernières. Nous retrouvons ici les classiques tons d'ocre jaune et d'ocre rouge. Les visages, les plis et les ornements des vêtements et des lignes de contour qui limitent le sujet sont repris en blanc; aucun trait noir n'apparaît.
Fig. 5. — Blason du :mue s. (Fragment).
La facture des visages traitée par larges touches de couleur, le dessin sommaire des yeux, les taches sur les joues, les lignes presque parallèles sur le cou, la forme de la tète, rappellent les procédés des miniatures ou des peintures du XIIIe siècle; et l'ensemble de ces peintures donne bien l'impression de cette époque. Le dégagement total de ces peintures, lors d'une nouvelle campagne de sondages et de grattages, permettra peut- être de faire apparaître quelque signe bien caractéristique ou quelque inscription de l'époque à laquelle elles furent exécutées ;
il sera alors possible de les comparer avec les peintures de toute la région, et en particulier avec celles de Saint- Pierre du-Lorouêr (1) qui eurent sans doute à subir la forte empreinte de la célèbre école de peintures murales de la vallée du Loir (2),
(1) Voir Revue hist. et archéol. du Maine, t. XXV, 1894, pages 211 à 215. Comte de JANSSENS, Note sur les Peintures murales de l'église de Saint-Pierre-du-Lorouër, 1893.
(2) Nous ne pouvons ici, faute de place et de temps, parler de cette école de peintures murales de la vallée du Loir. Citons du moins quelques travaux sur ces peintures et sur la peinture murale du moyen âge dans l'ancien diocèse du Mans.
H. LAFFILÉE, Une école de peintures dans la vallée du Loir ; la peinture murale avant la Renaissance, 2e éd. Paris, 1904, in-8•. Une peinture murale, dans l'église d'Aillières dans Revue hist. et archéol. du Maine, XXXIV, 339. Peintures et borne milliaire découvertes au Genest, idem XXII, 204. Peintures du XV• siècle au presbytère de Percé, per A. Moignon, idem XXXVIII, 133. Les peintures murales de Poncé, par Robert Triger, idem XXVIII, 103. Les peintures murales de Poncé, par E. Toublet, idem XXX, 129. Les peintures murales de Poncé, par H. Laffilée, idem XXXI, 21, et tirage à part. Découverte de peintures anciennes à Auvers-le-Hamon, par Robert Triger, idem. LIII, 209. Les peintures de l'Oratoire du château du Lude, par le D' Candé, idem, LXVII, 129. Peintures murales de l'ancienne église d'Artins, d'après une note de P. Clément et A. Hallopeau, idem, LXVII, 32. Peintures murales de l'ancien diocèse du Mans, idem, LXXII, 204. Peintures murales récemment découvertes dans l'ancien diocèse du Mans, par Lucien Lécureux, idem, LXXIII, 210. Lavardin, Troo, Poncé, excursion archéologique du 24 juin 1926, idem, 2• série, VI, 145. Lavardin, par Abbé Jouanneau, curé de Lavardin. Bibliographie sur les localités de la vallée du Loir, idem, 2• série, VI, 171, 172. Comte de JANSSEN», Note sur les peintures murales de l'église de Saint-Pierre-du-Lorouër, 1893. Lucien Lécureux, Les anciennes peintures des églises de Laval, dans Revue de l'art chrétien, 1910, p. 223-240 et dans Bull. de la Commission hist. et arch. de la Mayenne et tirage à part, in-8•. Laval, 1910. Lucien LÉCUREUX, Les peintures murales du moyen âge dans les anciens diocèses du Mans et d'Angers, dans Congrès de la S. F.A., Angers-Saumur, 1910, p. 180. Lucien LÉCUREUX, Les peintures murales récemment découvertes dans l'ancien diocèse du Mans, dans Bulletin monumental, 1912 (n• 5-6), 571, et dans Revue hist. et arch. du Maine, LXXIII, 210.Lucien LÉCUREUX, Les peintures murales du logis abbatial de Clermont (Mayenne), dans Bull. de la Comm. hist. et arch. de la Mayenne, 1915, XXI; 298. E. LEFÈVRE-PONTALIS. Notice biographique sur Lucien Lécureux, dans Congrès de la S. F. A. Brest, 592. Chanoine URSEAU, La peinture décorative en Anjou du Xlle au XVIIIe siècle, 1920 et dans Bull. Monumental, 1921 (no 1-2), LXXX, 150. Peintures de Saint-Cenery. Bibliographie dans Fresnay-sur-Sarthe, ses environs et les Alpes Mancelles. Excursion archéol. du 23 juin 1925.
Cette question des peintures murales de la vallée du Loir est remarquablement intéressante et nous sommes heureux que notre petite église de Sainte Cécile, après beaucoup d'autres (1), ait eu ses peintures murales révélées au public par le long et patient labeur de l'un de nos collègues (2).
Mais revenons, avant de clore ce travail, à l'étude du blason en losange de la fin du XVe ou début du XVIe siècle, étude pour laquelle nous avons eu recours à quelques archéologues et héraldistes amis (3).
Nous avons déjà lu ce blason : Ecartelé, au 1er." et 4e de.., aux 2e et 3e d'or, à la fasce... (d'argent ?), accompagnée de 3 fleurs de lys de sable, 2 en chef, une en pointe. — Il est malheureusement incomplet et, par cela même, son attribution est devenue très difficile.
La forme en losange est celle d'un blason d'une demoiselle ou d'une veuve. Or les quartiers disparus portaient les armes de la demoiselle; les quartiers 2 et 3 portent seulement les armes de sa mère ou celles d'une des alliances les plus honorables de sa famille.
Le blason se trouve sur une litre. Le droit de litre appartenait d'ordinaire au seigneur de paroisse. A Sainte-Cécile, le seigneur de paroisse était celui d'Ourne.
(1) Ils'en révèle tous les jours. Citons la dernière en date : découverte à Crannes-en-Champagne, dans la sacristie, d'une peinture représentant Saint Michel écrasant le dragon.
(2) Mademoiselle Trocmé a eu beaucoup de mérite à chercher à mettre en valeur l'intéressante petite église de Sainte-Cécile si joliement située et dont la population des alentours désire vivement la conservation par les Monuments Historiques. Son travail a été considérable pour opérer les sondages et grattages nécessaires à la mise à jour des peintures murales trop souvent à l'état fragmentaire causé par les ravages du temps et surtout de l'humidité ainsi que par l'application sans discernement de malheureux mortiers. —Notre Société historique et archéologique du Maine se doit, ainsi que nous-mêmes, de venir témoigner ici toute notre reconnaissance à M"• Trocmé d'avoir pris tant de peines pour une petite église rurale de notre chère et grande province et d'avoir, avec tant d'adresse et de patience, opéré les relevés de ces précieuses peintures.
(3) Ce nous est un devoir de venir ici exprimer notre vive reconnaissance à M. l'abbé E.-L. Chambois, à MM. Menjot-d'Elbenne, Ch. de Gastines et Léonce Célier pour l'aide qu'ils ont bien voulu nous apporter dans la recherche d'attribution du blason aux fleurs de lys.
Ourne, nous le savons, a appartenu aux XIVe, XVe et XVIe siècles à la famille des Vendosmois, très différente de la puissante maison des Vendôme. Les blasons de l'écartelé 1 et 4 qui sont restés indéchiffrables ont pu être ceux d'une demoiselle ou d'une veuve Vendômois. Les armes de cette famille sont : d'or à deux fasces de gueules, coupé d'hermines, alias d'or semé d'hermines, à trois fasces de gueules (1). Nous n'avons rien vu de semblable dans notre blason.
Nous connaissons quelques Vendosmois : Hubert Vendosmois, chevalier, seigneur d'Ourne en 1342, vendit Ourne avant 1366. Ce ne fut qu'a réméré sans doute, car un Jean Vendosmois, chevalier est dit seigneur d'Ourne de 1393 à 1407. Il était aussi seigneur de Charbon en 1403. Tous deux rendirent aveu pour leur hébergement d'Ourne. — Hubert Vendosmois dut avoir deux fils car nous trouvons encore un Guillaume Vendosmois seigneur de Chourses et Haute Perche en 1393 dont la veuve Jehanne rend aveu en 1402.
Une maison du XVIe siècle, au Mans, porta longtemps l'écu sculpté de cette famille de Vendosmois avec une alliance inconnue: Ecartelé, au let et 4e de... à deux fasces de... coupé d'hermines, aux 2e et 3e de... à une fasce de... (2).
D'autres Vendosmois furent seigneurs de Bessé-sur Braye. du Boulay en Saint-Gervais-de-Vic, du Vau à Sainte-Cérotte, d'Alleraye à Chouë, de la Serviniére, de Maulny, etc. (3).
Nous avons retrouvé aussi le fief d'Ourne mentionné dans divers actes du XVe au XVIIe siècle (4), mais sans pouvoir, en définitive, identifier notre blason en losange et à fleurs de lys.
(I) Vendômois (de), seigneurs d'Ourne, Champmarin, Alleray, Hauteperche, le Vau, Bessé-sur-Braye, le Boulay, le Rocher, la Sévinière,la Prousterie, etc., portaient d'après Cauvin : d'or, à 2 fasces de gueules, coupé d'hermines ; d'après Abbé Charles : coupé au 1, d'or, à 3 fasces de gueules : au 2, d'hermine; d'après le P. Anselme : D'hermines, au chef d'or, chargé de 3 fasces de gueules
(2) Cette maison était rue du Donjon près Saint-Vincent. Lors de la démolition de la maison où il se trouvait, ce blason fut encastré au-dessus de la porte de la dernière maison à droite de la rue vers Saint-Vincent. Le blason y resta longtemps, puis fut acheté il y a quelques années par un amateur inconnu.
(3) Voir Archives du Cogner, t. Il, p. 40. 41, 42, 43, 46, 48, 82, 83, 90, et table p. 498-499.
(4) Archives du Cogner, Il, p. 150, 151, 171, 173.
Les documents de l'Ecole des Chartes si riches en dossiers concernant la famille royale et par suite les armoiries à. fleurs de lys ne nous ont rien appris de plus (1).
Il faudrait pour véritablement découvrir l'attribution de ce blason, il faudrait posséder une généalogie des Vendosmois, qui nous semble être encore à faire, ou avoir sous les yeux les archives féodales d'Ourne, si elles existent encore, — généalogie ou archives que nous ne désespérons pas de retrouver un jour, et qui, peut être alors, nous révéleront le nom de la Dame au blason en losange et à fleurs de lys de l'Eglise Sainte-Cécile de Flée.
Janv.-Juin 1930.
PAUL. CORDONNIER-DÉTRIE.
(I) M. Léonce Célier nous a cependant signalé les armes des Porcon d'après Renesse : d'or à la fasce d'hermine, accompagnée de 3 fleurs de lys d'azur, famille du Coglès vers Entrain, entre Mortain et Fougères.
Renesse cite un nombre assez considérable de familles étrangères qu'il nous semble difficile, malgré certaines analogies, de rattacher au Maine et à notre famille de Vendosmois (Ashfield de Neherhall, Balderich, Baracini, Berlaymont, Botter, Davy, Brandek, du Chastelier de la Folletière [Bretagne], Coué du Brossay, Van den Dom, Eschsteten, Haefort de Ter Horst, Herigoyen, Van Hillegon. Iluchtenbourg van Amsterdam, Heurbeck, Klinglin, Krais, Kreyss, Leicester de Tabley, Porcon [Bretagne], Randeck, Van Ruen, Van Ryn, Rzemtski de Sudomilzitz, Van Schaffelaer, Welby de Denton)."
Date de création : 04/12/2011 @ 12:11 Nous rejoindre
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Association « Les Amis de Sainte-Cécile »
L’association a pour but de participer à la restauration et à l’animation culturelle de la chapelle Sainte-Cécile.
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